Kondi Band, piano à pouces et bass music

Le trio Kondi Band invite le producteur américain Sweatson Klank sur « It’s God’s World (So Don’t Do Bad) », un étonnant second single électro-acoustique tiré de leur prochain album We Famous.

Il y a quelques semaines, le Kondi Band tapait direct dans le mille en partageant leur savoureux single « She Doesn’t Love you », chanson cristalline, enjouée et adoucie par la voix de la chanteuse sierra-léonaise Mariama Jalloh. Un titre efficace centré sur le talent et le charisme de Sorie Kondi, autre Sierra-léonais, mais qui revient de loin. On peut en effet qualifier ce musicien aveugle de survivant, lui qui tenta d’enregistrer un premier album entre les tirs de la guerre civile qui frappait alors son pays au début des années 90. Abandonné par ses proches qui fuirent le conflit, Sorie perd ce seul enregistrement dans le chaos puis se met à sillonner les villages alentours pour essayer de se faire un nom en tant qu’artiste de rue. Il emprunte au passage le nom de son instrument, le kondi, piano à pouces à 15 broches fabriqué sur mesure et soumis aux distorsions de l’ampli qu’il trimballe à ses côtés.  

C’est un ingénieur du son américain du nom de Luke Wassermann qui, par hasard, se laisse happer par la musique de Sorie dans les rues de la ville côtière de Lungi. C’est alors qu’ils enregistreront ensemble Without Money, No Family, le premier album studio du musicien. De l’autre côté de l’Atlantique, le producteur Chief Boima tombe sur une vidéo du morceau éponyme puis, séduit par les mélodies qui s’en dégagent, décide d’en faire un remix. C’est le point de départ d’une nouvelle collaboration qui se concrétisera en 2016 par Salone, premier album consigné par Kondi Band. Aujourd’hui, Sorie Kondi, Chief Boima et le producteur londonien Will LV reviennent avec un son encore plus actuel et épuré où arrangements électroniques, piano à pouces et voix réconfortantes fusionnent tout en finesse. Les deux producteurs y donnent les clés du dancefloor à un musicien traditionnel qui s’inscrit parfaitement dans le concept de dance music grâce à des paroles entêtantes et mélodies limpides.

Tout aussi excitant, « It’s God’s World (So Don’t Do Bad) » est donc le second single d’un album qu’on peut déjà imaginer comme l’un des points d’orgue de l’année. Sur un beat gonflé par Sweatson Klank – figure de proue de la scène bass music de Los Angeles- Sorie fredonne en langue Loko des textes positifs qui incitent à veiller sur son prochain.

Source www.pan-african-music.com