Le candidat républicain Donald Trump a été désigné mercredi le 47e président des États-Unis, au terme d’une soirée électorale marquée par sa victoire dans plusieurs États décisifs. Les médias américains ont confirmé mercredi vers 5 h 30 son retour à la Maison-Blanche, d’abord annoncé par le réseau Fox News.
Avant même la confirmation des résultats finaux, M. Trump a fait une allocution sur scène, en Floride, vers 2 h 30, durant laquelle il a revendiqué devant ses partisans une « victoire politique jamais vue [au] pays » et promis de « tout réparer » aux États-Unis.
La candidate démocrate Kamala Harris s’est exprimée devant ses partisans mercredi après-midi, après avoir annulé son discours le soir de l’élection : « Nous devons accepter le résultat de l’élection », a-t-elle déclaré face à des partisans en pleurs qu’elle a, à multiples reprises, urgé de « continuer le combat ».
Les électeurs américains ont donc choisi Donald Trump, 78 ans, son image d’homme fort et ses remarques incendiaires. Ils ont passé outre ses 91 chefs d’accusation, ses 34 condamnations au criminel et son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Son retour au pouvoir pourrait d’ailleurs lui garantir d’échapper à ces poursuites, car il a le pouvoir d’ordonner l’arrêt des procédures.
Au courant de la soirée, les républicains se sont aussi emparés du Sénat. On ne connaît pas encore la répartition finale des sièges (dont 34 sur 100 étaient en jeu), mais la majorité revient inévitablement au Parti républicain.
Pour la Chambre des représentants, dont la totalité des 435 sièges sont en jeu, le camp de M. Trump semble en bonne voie pour la contrôler, mais cette dernière victoire reste à confirmer.Mercredi soir, les républicains étaient en avance avec 207 sièges et les démocrates, 181. Il faut 218 voix pour obtenir une majorité.
Une victoire historique
L’élection de Donald Trump marque la première fois qu’une personne effectivement condamnée au criminel prend le pouvoir aux États-Unis. Il marque également l’histoire en devenant le premier président depuis plus de 100 ans à gagner un deuxième mandat non consécutif. Le dernier président en date à avoir été défait puis à remporter une élection était Grover Cleveland, en 1892.
Celui qui se présente comme un homme d’affaires a aussi échappé à deux tentatives d’assassinat durant la campagne. « C’était le plus grand mouvement politique de tous les temps », a-t-il affirmé lors de son discours. Il a remercié sa femme, son colistier, J.D. Vance, et des organisateurs de campagne. Il a aussi passé plusieurs minutes à rendre hommage à l’homme d’affaires Elon Musk, qui l’a soutenu en campagne, notamment en organisant une loterie à son profit.
M. Trump a aussi tenu pour acquis qu’il gagnait le « vote populaire ». Même s’il reste encore des bulletins à dépouiller, il récoltait, mercredi soir, 50,9 % du vote populaire et Kamala Harris, 47,4 %. « C’est un sentiment d’amour », a-t-il résumé devant la foule.
Plusieurs observateurs ont noté que M. Trump avait repris dans les grandes lignes les mêmes conclusions qu’il avait utilisées lors de ses rassemblements partisans de campagne, mais sur un ton un peu moins vindicatif. Il a parlé de fermer les frontières du pays, promis une nouvelle ère dorée, et s’est engagé à amener sécurité et prospérité.
En campagne, il a promis d’expulser massivement les immigrants « illégaux » et dit vouloir cibler les « ennemis de l’intérieur » contre lesquels il serait prêt à déployer l’armée et à utiliser les pouvoirs de l’exécutif, ce que plusieurs ont interprété comme une rhétorique autoritaire, et même pour certains des évocations du « fascisme ».
Après une course électorale qui semblait extrêmement serrée dans les sondages, M. Trump avait remporté quatre des sept États clés au petit matin mercredi. D’abord la Caroline du Nord, ensuite la Géorgie et un peu plus tard la Pennsylvanie, avec ses 19 grands électeurs. Ce fut ensuite au tour du Wisconsin.
La marge en train de se dégager, même si plusieurs États n’ont pas fini de dépouiller les votes, n’est pas aussi mince que les sondages l’annonçaient. Donald Trump avait 294 grands électeurs en poche mercredi soir, plus que le minimum de 270 requis pour être élu président.
A-t-il bénéficié d’une « prime à l’urne » de la part d’électeurs qui n’osaient avouer leur vote aux sondeurs ? Ou d’un mouvement de doute quant à une candidature féminine ? Les analyses s’écrivaient en vitesse mercredi matin. Plusieurs coups de sonde indiquaient qu’il gagnait les coeurs et les têtes de l’électorat latino, aussi hétérogène qu’il soit. Les sondages à la sortie des urnes montraient d’ailleurs un grand bond de sa popularité au sein de ce groupe.
Source www.ledevoir.com