De rappeur à chanteur, la transformation de Disiz : « Il y a un peu plus d’aisance à parler de soi »

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Lundi 1er décembre 2025, le rappeur, chanteur et compositeur Disiz. Son nouvel album, « On s’en rappellera pas » est sorti le 21 novembre.

Disiz est d’abord un rappeur, un rimeur à gages repéré par Akhénaton du groupe IAM, grâce à son maxi Bête de Bombe, ce qui lui a permis d’intégrer le collectif One Shot et de participer à la bande originale du film Taxi 2. Les présentations avec les plus grands de ce métier et avec le public étant faites, il a décidé de se lancer dans une carrière solo avec des albums qui vont marquer et créer du lien. Poisson Rouge sera le premier d’ailleurs d’une liste qui ne cessera de s’agrandir. Il y aura notamment aux Jeu de société ; Les histoires extraordinaires d’un enfant de banlieue avec des titres devenus des incontournables, Je pète les plombs ou Dans tes rêves. Depuis, une métamorphose a eu lieu et de rappeur, il est devenu chanteur et c’est ce qui saute aux oreilles quand on écoute son 14e album, sorti, le 21 novembre 2025, On s’en rappellera pas. C’est pop et il nous replonge dans l’art de la protest song engagée, mais douce malgré les mots usités, avec ses souvenirs, ses blessures, ses rêves, ses espoirs et désespoirs.

franceinfo : Cet album sorti après L’amour, votre opus scanner de vos histoires sentimentales, n’est-il pas finalement un deuxième pas vers une introspection démarrée il y a quelques années ?

Disiz : Je pense que l’introspection, je l’ai commencée il y a très longtemps. Dès mon premier album, je faisais toujours des pas de côté sur des thématiques qui n’étaient pas justement usitées. C’est vrai que sur l’album d’avant, L’amour et celui-là, il y a quand même 25 ans de carrière, donc il y a un peu plus d’aisance à parler de soi.

Est-ce que vous ressentez l’apaisement ?

Je suis fort de tant d’années d’expérience et pour moi en tout cas, je reste le même homme, mais c’est comme si je le montrais de plus en plus, sans pour autant que ce soit de façon consciente.

Pour la première fois, j’ai l’impression que vous avez décidé de convoquer l’enfant qui était en vous et de lui apporter des réponses à des questions qu’il continuent à se poser.

C’est très pertinent. C’est la première fois que je le fais. J’ai souvent convoqué l’enfant, mais c’était inconscient. C’est un peu cliché mais l’artiste, c’est quelqu’un qui garde l’enfant qu’il a en lui et qui ne l’a pas fait passer trop vite à l’âge adulte. Il peut rêver, il peut être naïf, avoir plein de candeur.

C’est comme si ces blessures d’enfance, ces blessures d’adolescence, à l’âge que j’ai, j’en parlais d’une manière beaucoup plus apaisée, avec beaucoup plus de recul.

Dans Casting sentimental, vous décidez de ne pas vous épargner. Vous dites, « Machine à désirer des millions de cœurs dans les poches, Cupidon foncedé, je passe un casting sentimental ». Il y a toujours ce sentiment de quête dans chacun de vos morceaux.

Oui, je suis quelqu’un de curieux, je suis tout le temps en quête. La quête pour moi, c’est être en vie parce que c’est ne pas être résigné. C’est surtout ne pas se figer dans, « je suis comme ça et la vie est comme ça ». Je ne juge pas les gens qui sont comme ça, mais pour moi, se figer, se statufier, c’est mourir quelque part.

Vous parlez d’addiction aussi dans Amsterdam. Est-ce que c’est important aussi de montrer les failles d’un individu ?

C’est un rapport honnête. Je suis artiste depuis que j’ai 19 ans, donc j’ai forcément une vie qui est en marge. Je n’ai pas une vie marginale parce que je suis avant tout père de famille et que je m’occupe de mes enfants et que j’assume mes responsabilités. À côté de ça, il y a la vie, les névroses, les traumas et puis parfois les fuites que l’on prend pour se soulager du monde. Ce n’est jamais un abandon total de soi, c’est une petite traversée en mer.

Source ww.franceinfo.fr