Le sommet de l’IA a lieu, lundi et mardi, à Paris. De nombreux secteurs sont touchés par cette nouvelle technologie révolutionnaire, dont l’industrie musicale et les plateformes de streaming.
Alors que le sommet de l’IA a lieu, lundi 10 et mardi 11 février, plusieurs industries culturelles sont en plein questionnement sur la place de la création artistique à l’ère de l’intelligence artificielle, notamment les plateformes de streaming musical. Face à l’émergence de l’IA, différents systèmes sont mis en place.
Lorsque Deezer, entreprise française, souhaite mieux rémunérer les artistes et supprimer les contenus parasites générés par intelligence artificielle, Spotify, plateforme suédoise, utilise l’IA pour nourrir des playlists et s’adapte aux habitudes quotidiennes des utilisateurs.
Le système « artist-centric »
Lancée en 2007, la plateforme de streaming musical française, Deezer, propose un catalogue de 100 millions de chansons. Depuis plusieurs années, un constat est clair : les contenus explosent : 700 000 musiques arrivent par semaine sur la plateforme et 10% (soit 70 000) sont des chansons générées par intelligence artificielle. Leur politique est donc de les supprimer des recommandations et des playlists pour faire place aux vrais artistes. « On est pour le soutien de l’industrie musicale, on ne veut pas diluer la part qui va aux vrais artistes à cause de chansons qui sont générées 100% par IA, où aucun artiste n’a participé au processus créatif », a confié Alexis Lanternier, directeur général de Deezer, sur BFM Business(Nouvelle fenêtre).
Auparavant, la plateforme était dans un système de « market centric », c’est-à-dire que le revenu généré par l’écoute d’un morceau donné est calculé au prorata de tous les morceaux présents sur le marché. Plus la part de marché d’un morceau est importante, plus l’artiste est rémunéré, ce qui donne peu de chance aux chanteurs émergents. Aujourd’hui, Deezer a décidé de choisir le système « artist-centric », plus juste pour les artistes : une plus grande part de l’abonnement revient aux artistes que l’utilisateur écoute.
Le succès des musiques « utilitaires »
Du côté de Spotify, plateforme fondée en 2006 par deux entrepreneurs suédois, la philosophie est différente. En 2012, dans le but de toucher de nouveaux abonnés potentiels, Spotify a mené des recherches pour déterminer les raisons pour lesquelles les utilisateurs se tournaient vers le streaming. D’après Liz Pelly, journaliste américaine interviewée par Le Monde(Nouvelle fenêtre), « la grande majorité y venait pour vivre une expérience de type lean back, c’est-à-dire pour utiliser la musique comme arrière-fond d’une autre activité pendant une longue période, comme le travail ou le sport, mais aussi pour égayer leur humeur ».
Cette musique « utilitaire » est privilégiée pour les plateformes de streaming puisqu’elle est très engageante. L’écoute de ces titres génère un flux de données qui sont réutilisées pour identifier la manière dont ils sont écoutés et pour recommander des titres similaires aux utilisateurs grâce aux algorithmes. En discutant avec certains anciens employés de Spotify, Liz Pelly a appris qu’il existait un programme présenté sous le sigle PFC pour « perfect fit content » [contenu parfaitement adapté], destiné à placer des musiques « stock » dans des centaines de playlists très écoutées.
Aujourd’hui, avec l’émergence de l’intelligence artificielle, Spotify glisse des musiques générées par IA dans ces playlists très populaires. Cette méthode répond aux besoins des utilisateurs, tout en permettant à Spotify de ne pas payer de redevance puisqu’il s’agit d’une IA, et non de vrais artistes. Une des conséquences est la diminution des revenus de ces « vrais artistes » sur une plateforme qui utilise le système « market-centric ». Un autre problème se pose. Les musiques générées par IA sont créées à partir de modèles existants, sans que les utilisateurs payent des droits d’auteur. Suno, un des sites qui propose ce service, est d’ailleurs visé par des plaintes de maisons de disques.
Source www.francetvinfo.fr