La plateforme d’écoute musicale Deezer a déployé une technologie pour détecter le contenu généré par IA. L’objectif est de mieux rémunérer les artistes en supprimant ces contenus.
Un titre sur dix livré sur Deezer est du bruit ou une fausse chanson générés par intelligence artificielle (IA), a indiqué, vendredi 24 janvier, la plateforme musicale, qui dit avoir mis en place un « outil de pointe » pour les détecter. « Environ 10 000 pistes totalement générées par IA sont livrées à la plateforme chaque jour, soit environ 10% du contenu quotidien livré », a indiqué Deezer dans un communiqué.
Deezer tire cette conclusion au terme d’une année de déploiement de la technologie qu’il a conçue en interne et qui a abouti à « une demande pour deux brevets » fin décembre. Cette technologie permet, d’après l’entreprise, de « détecter spécifiquement le contenu généré par IA sans nécessiter un entraînement extensif sur des ensembles de données spécifiques ».
« L’IA perturbe l’écosystème musical »
L’enjeu pour Deezer est de mieux rémunérer les artistes en supprimant des contenus parasites. « L’intelligence artificielle continue de perturber de plus en plus l’écosystème musical, avec une quantité croissante de contenu IA », a souligné le PDG Alexis Lanternier, cité dans le communiqué. Celui-ci veut aller plus loin : « À l’avenir, nous avons l’intention de développer un système de marquage pour le contenu totalement généré par IA, et de l’exclure des recommandations algorithmiques et éditoriales ».
Par ailleurs, Deezer explique avoir « pour objectif de continuer à développer les capacités de sa technologie pour inclure la détection de voix générées par deepfakes », à savoir des imitations indétectables par l’oreille humaine. En collaboration avec la Sacem(Nouvelle fenêtre), qui défend en France les intérêts des musiciens, le Français Deezer, l’un des concurrents du numéro un mondial du streaming musical, Spotify, avait annoncé mi-janvier un changement de son modèle de rémunération. Il cherchait à mieux récompenser les artistes écoutés moins fréquemment, mais ayant une plus grande variété d’auditeurs.
Les revenus des créateurs menacés ?
En octobre 2024, Deezer est devenue la première plateforme de streaming à signer la déclaration mondiale sur l’entraînement de l’IA(Nouvelle fenêtre), prenant position contre l’utilisation non autorisée d’œuvres créatives pour entraîner des IA génératives.
Selon une étude menée par la CISAC et PMP Strategy(Nouvelle fenêtre), avec la participation des acteurs clés de l’industrie (dont Deezer), près de 25% des revenus des créateurs sont menacés d’ici à 2028, ce qui pourrait représenter jusqu’à 4 milliards d’euros à cette date. Cela constitue un défi colossal, voire critique, pour le secteur de la création musicale dans son ensemble.
Source www.francetvinfo.fr