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“La relaxe de Mendy n’est pas votre victoire

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Édito : L’international français Benjamin Mendy, accusé de huit viols, une tentative de viol et d’une agression sexuelle par sept femmes différentes a été blanchi par le tribunal de Chester en Angleterre. D’abord acquitté une première fois en janvier dernier, il a été jugé non-coupable des dernières accusations le 14 juillet dernier. Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien, écrits majoritairement par des hommes, se sont accumulés, dans le milieu du football, comme dans le rap.

On ne peut pas critiquer la justice en semaine A et la célébrer en semaine B

On ne compte plus les phases dans le rap qui dénoncent les décisions de justice, jugées racistes ou injustes socialement à cause d’avocats commis d’office. Cette justice qui acquitte des policiers, des « cols blancs », des pédocriminels, et qui punit plus sévèrement les hommes des quartiers populaires.

Mais souvent lorsqu’il s’agit de dénoncer la justice sexiste qui décrédibilise la parole des femmes et qui acquitte, par “manque de preuves” ou par prescription, les hommes à l’origine d’agressions sexuelles et de viols, beaucoup moins de voix s’émeuvent pour les victimes présumées. Au contraire.

« Les mêmes qui prônent la défiance envers la justice lors des violences policières, se révèlent être Procureur face aux violences sexuelles. »

Les mêmes qui prônent la défiance envers la justice lors des violences policières, se révèlent être Procureur face aux violences sexuelles. Sur leurs réseaux sociaux, ils rappellent le droit à la présomption d’innocence, dénoncent le tribunal d’internet, et affirment qu’il faut attendre patiemment la décision de justice. Alors qu’hier ça criait « Justice nulle part » et « Fuck le 17 ».

Puis, des mois ou des années plus tard, vient la décision de justice. En France, on estime que seulement 1% des viols sont condamnés par la justice. Jugé en Angleterre, le joueur de football français, Benjamin Mendy, accusé de huit viols a été acquitté le 14 juillet dernier. Une fois de plus, lorsqu’un un homme est innocenté dans ce type d’affaires, la justice est célébrée et remerciée et les femmes qui avaient déposé plainte sont qualifiées de menteuses et insultées.

« Des soutiens qui sonnent comme des victoires contre les femmes. Des défaites pour la difficile libération de la parole des victimes. »

Fêter une décision de justice comme une victoire de match de foot laisse un goût amer. Cette célébration publique d’un homme acquitté de huit crimes, résonne tristement quand elle vient de ceux qu’on pense être les nôtres. Ceux qui sont avec nous lorsqu’il s’agit de défendre d’autres causes. Des soutiens qui sonnent comme des victoires contre les femmes. Des défaites pour la difficile libération de la parole des victimes.

Qui sont les « vraies » victimes ?

Dès l’annonce de la relaxe de Benjamin Mendy, une nouvelle chasse aux sorcières s’est ouverte contre les « fausses victimes ». Mais qui sont les vraies victimes ? Celles qui ne désignent pas vos amis, vos collègues, vos idoles comme coupables ? Celles qui ne sont pas victimes d’un homme riche car là c’est pour l’argent ? Quand est-ce que les hommes les défendent publiquement ? Ce n’est jamais la bonne victime, jamais la « vraie ».

« Les plaintes sont rares et dans la majorité des cas les violences sexuelles sont subies dans le silence et impunies. »

Les femmes sont incitées à porter plainte lorsqu’elles subissent des viols, tout comme les hommes de quartiers populaires sont incités à le faire lorsqu’ils subissent des violences policières. Dans les deux cas personne ne croit aux débouchés juridiques… Et savent que c’est un engagement financier, psychologique et médiatique difficile sur de nombreuses années. Résultat : Les plaintes sont rares et dans la majorité des cas les violences sexuelles sont subies dans le silence et impunies.

Dans les affaires de violences policières comme dans les affaires de violences sexuelles, l’argument du mensonge est toujours utilisé pour remettre en question la parole des victimes. Dans les deux cas, c’est le sexisme et le racisme qui gagnent.

Au milieu, entre le marteau et l’enclume, entre les hommes qui se soutiennent inconditionnellement, et une justice raciste et sexiste : les femmes, racisées, issues de quartiers. En première ligne pour défendre leurs frères et leurs enfants victimes de violences policières. Mais aussi au front pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dont elles sont les premières victimes, malheureusement en 2023, le soutien ne va toujours pas dans les deux sens.

Anissa Rami

Source www.booskap.com

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