Cette semaine, on retrouve, le retour ensorcelant d’Ibeyi, le deuxième album de Smallgod, le projet engagé de Leyla McCalla, le rough amapiano de Toxicated Keys et le quatrième EP de Victony.
Spell 31
Ibeyi
Le dernier album du duo franco-cubain Ibeyi voit enfin le jour. Spell 31 est aussi ensorcelant que son titre le laisse entendre. Les jumelles y incorporent différents influences musicales, du folk, en passant par le R’n’B, la musique électronique, la soul ou le jazz, tout en continuant à faire connaître leur culture ancestrale, notamment à travers leur titre « Sisters II Sisters » dans lequel on reconnaît la rythmique yoruba. Le morceau est une ode à leur sororité et à leur complicité inébranlable que l’on perçoit sans difficulté dans le clip. Le reste de l’album se veut également universel sur le plan culturel. Les filles du percussionniste cubain Anga Diaz (membre du Buena Vista Social Club) s’engagent contre le racisme et autres thématiques contemporaines en anglais, en espagnol, en yoruba et en français tout au long de l’album.
Connecting the dots
Smallgod
Connecting the dots est le dernier projet du producteur ghanéen Smallgod. Ce nouvel album s’inscrit dans la même lignée afropop que son précédent Building Bridges sorti en 2021. Souhaitant promouvoir le développement du panafricanisme, Smallgod continue à mettre en avant le travail d’artistes africains émergents. On retrouve ainsi dans ce disque Headie One, Darkoo, Stonebwoy, Major League DJz et EFYA. Dans « Falling », l’artiste se met d’ailleurs en retrait dans le clip pour permettre à KiDi et Darkoo de briller. Ayant travaillé dans différents secteurs de la musique pendant plus de quinze ans, Smallgod souhaite en effet mettre à profit son expérience au service de projet collaboratif.
Breaking The Thermometer
Leyla McCalla
Leyla McCalla, l’auteure-compositrice américaine née à Haïti, dévoile son dernier projet engagé qui s’intitule Breaking the Thermometer. Ce nom (casser le thermomètre) fait référence à un proverbe haïtien utilisé pour décrire la lâcheté du pouvoir qui feint de ne pas voir la violence et l’oppression politique que subissent les classes les plus défavorisées et les plus marginalisées d’Haïti. Cette expression aura été popularisée par Jean Dominique, le propriétaire de Radio Haïti-Inter, la première station de radio privée créolophone d’Haïti. Assassiné le 3 avril 2000, son meurtre ne sera jamais élucidé. Pour réaliser cet album, la chanteuse d’origine haïtienne a utilisé des archives audio de Radio Haïti-Inter pour les intégrer aux chants traditionnels haïtiens présents dans ses compositions.
From Thultwane to the World
Toxicated Keys
Le jeune duo inaugure son tout premier EP intitulé From Thultwane to the World. L’album avait été annoncé à l’occasion de la sortie du single « Zaka Zaka » en février dernier. Les deux producteurs, Mokwele et Thaban Makhafola, âgés respectivement de 17 et 19 ans, sont originaires de Mamelodi, un township de Pretoria. Leur « rough amapiano » – un terme qu’ils utilisent eux-mêms pour se décrire – combine les ambiances soulful et nappes chaleureuses du style originel avec des beats plus durs et des basses sombres à souhait. Le titre « Zaka Zaka » – « money, money » en Tsotsitaal, un mélange de plusieurs langues sud-africaines – est le parfait exemple de cette nouvelle version plus brute de l’amapiano qui remplit parfaitement son objectif : faire danser le public. Un groupe prometteur à suivre de près.
Outlaw
Victony
Après la sortie de Saturn en 2020, suivie de celles de Dark Times et de Nataria en 2021, l’artiste nigérian Victony sort son quatrième EP Outlaw. Son grave accident de voiture, qui l’avait partiellement paralysé et contraint à utiliser une chaise roulante, avait servi d’inspiration pour Dark Times. Le musicien y évoquait son expérience et son parcours pour se reconstruire. Depuis Victony réapprend à marcher et n’a pas perdu sa volonté de poursuivre sa carrière musicale. Dernièrement, on l’avait entendu dans « Uncounsciously » tiré du dernier album de BOJ Gbagada Express. Outlaw, dont le titre n’est pas sans rappeler son morceau hip-hop de 2017 « The Outlaw King », s’inscrit dans la continuation de cet album. Le titre éponyme met particulièrement en valeur la voix de l’artiste. A écouter impérativement.