Alors qu’il s’apprête à sortir son cinquième album studio et septième projet Madina To The Universe (MTTU) en automne, PAM s’est entretenu avec le rappeur au sujet de sa nouvelle sortie et des perspectives.
Produite par le musicien ghanéen Øbed et mixée par le producteur béninois Rvdical The Kid, « La Vida » est une chanson d’amour profondément insouciante. Le clip, conçu par le réalisateur sud-africain Adriaan Louw, met en scène M.anifest dans un décor ghanéen vintage où, sur la plage ou au bar, il exprime pleinement le sentiment d’insouciance qu’il ressent avec sa partenaire. A propos de l’inspiration derrière ce titre, le « god MC » déclare : « C’est une chanson que j’ai écrite malicieusement. Je m’imaginais me libérer et faire des bêtises avec une femme que j’aime, sans me soucier des gens, des opinions ou des règles. J’avais presque l’impression de vivre par procuration à travers certains de mes propres souvenirs ». À propos du clip, il ajoute : « On l’a tourné à Madina, qui est le quartier d’Accra où j’ai grandi. Le but était de puiser dans les souvenirs d’enfance et d’évoquer un sentiment de nostalgie ». Le rapport à son pays d’origine est un thème omniprésent dans l’œuvre du rappeur qui, ces derniers mois, a sorti une chanson avec son compatriote et producteur Juls, et a raconté des situations typiquement ghanéennes sur des singles comme « We No Dey Hear » ou « We Dey Manage ». « C’est un peu une relation toxique », nous dit-il. « Ce pays peut vous rendre fier et honteux le même jour. Mais je suis un Ghanéen et donc ce que le Ghana est, et sera, est aussi ma responsabilité. Je parle donc du Ghana comme un acte d’amour. Qu’il s’agisse de nostalgie, de critique ou d’éloge ».
Icône du rap sur le continent, avec six excellents projets et d’innombrables récompenses au cours de sa carrière, M.anifest est l’une des figures les plus solides de la scène rap africaine. Son cinquième album studio Madina To The Universe – stylisé MTTU – arrive en 2021 pour cimenter ce statut. Qu’apprendrons-nous de nouveau sur lui après quatre albums intimistes ? « Que je suis une licorne déguisée en humain peut-être ? », plaisante-t-il. « Blagues à part, je pense que je parle avec une voix plus vulnérable et confiante sur cet album. J’ai aussi discrètement centré beaucoup de chansons sur des conversations : des conversations avec ma mère, des histoires de conversations avec des inconnus, des conversations avec des amoureuses, etc ». MTTU arrivera dans une période particulière : le hip-hop ghanéen est en pleine ébullition, et le monde entier a les yeux rivés sur les rappeurs hardcore de Kumasi (rebaptisé Kumerica). Loin de voir ce phénomène comme une menace pour son propre rap, qui touche souvent au storytelling et à la critique sociale, M.anifest semble plutôt enthousiaste quant à l’avenir du Ghana hip-hop. « J’adore tout ça ! C’est féroce, et vibrant », nous dit-il. « J’aime la façon dont ils ont percé sans cosignature. Le fait que l’asakaa émerge aussi de l’extérieur de la capitale est une chose importante pour notre scène. Le Ghana, ce n’est pas Accra. C’est un pays entier (de plus de 30 millions d’êtres) qui ne peut qu’exceller de manière plus créative lorsque différentes énergies provenant de différentes régions prospèrent. L’asakaa vers le monde ! » Et Madina vers l’univers.