Le 25 mai, journée mondiale de l’Afrique, plus de 250 artistes et personnalités de la planète afro (de Femi Kuti à Carlinhos Brown en passant par Fally Ipupa, Jimmy Cliff, Sekouba Bambino ou Kassav) participeront au WAN Show. Un événement virtuel d’une ampleur inédite initié par l’homme de médias Amobé Mévéguè. Interview.
Depuis plusieurs semaines, les hashtags #jesuiswan, #iamwan circulent sur les réseaux sociaux et fait des émules. Mais être « WAN », c’est quoi même ? WAN, c’est l’acronyme de « Worldwide Afro Network », pour « réseau afro-mondial ». Et ça se prononce « one », « un » en anglais. Une manière de rappeler, surtout en temps de crise, qu’on est ensemble. Car l’objectif de cette journée de mobilisation c’est, d’abord, de lutter contre les conséquences sanitaires et sociales de la pandémie du coronavirus. Son point d’orgue : le WAN Show. Une émission tv 2.0 diffusée gratuitement dans le monde entier. Un événement hors norme parrainé par la star sénégalaise Youssou N’dour et initié par l’homme de médias camerounais, fondateur de la chaine UBIZNEWS, Amobé Mévéguè. Interview.
Comment est né le projet WAN ?
En fait, la crise sanitaire actuelle a impulsé dans le virtuel un projet dont je rêve depuis longtemps et que je compte bien concrétiser dans le réel dès que ce sera possible : rassembler sur une même scène et pour une tournée mondiale, des artistes afro-descendants. Lorsque Manu Dibango nous a quitté, on s’est appelé avec Youssou pour se transmettre nos condoléances mutuelles. Lui est PDG d’une chaine de télé qui s’appelle TFM, moi d’une chaine qui s’appelle UBIZNEWS et ça fait un bout de temps qu’on pense à créer des synergies entre nos médias, artistiquement parlant. Le lendemain de son appel, je me suis dis : « attends, ils sont tous confinés, appelle-les ». C’est comme ça que ça a commencé. J’ai contacté Salif Keita, Mory Kanté (décédé le 22 mai après cette interview, NDLR), Tiken Jah Fakoly et une puis une autre équipe s’y est mise, des petits frères avec lesquels je travaille depuis toutes ces années comme Mory Touré, au Mali, le fondateur de la webradio itinérante Radio Afrika.
Et en un clin d’oeil, ça a fait boule de neige : jusqu’en Jamaïque avec Aston Barrett des Wailers et dans l’Océan Indien avec Justin Vali de Madagascar. Sans parler des Oumou Sangaré au Mali, Aït Menguellet en Algérie, Carlinhos Brown au Brésil… et là , c’est tout frais, même Chris Martin de Coldplay rejoint l’aventure ! C’est incroyable !Â
Le casting est effectivement impressionnant. Il réunit toutes les générations et toute la planète afro. Des chanteurs (Femi Kuti, Awadi, A’Salfo, Tiwony, Fally Ipupa, Jimmy Cliff, Angélique Kidjo, Sidiki Diabaté, Kassav, Sam Fan Thomas…) mais aussi les acteurs Djimon Hounsou ou Omar Sy pour ne citer qu’eux. Un événement d’une telle ampleur, c’est inédit non ?
C’est le show tv qui rassemble le plus grand nombre d’artistes et de personnalités afro-descendantes en un seul bloc, ça n’a jamais été fait. C’est notre « USA for Africa » en fait ! (un collectif de 40 artistes américains pour réunir des fonds contre la famine en Ethiopieavec une chanson, devenu tube, « We are the World » en 1985, NDLR).
D’autant que le public promet de se compter en plusieurs centaines de millions. Car, en plus d’être diffusé sur les réseaux sociaux, le WAN Show sera diffusé sur le réseau de télévisions membres de l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR) et ses partenaires, soit plus 200 chaînes nationales et privées du continent et, je viens de l’apprendre, de l’Asie !Ça devient les jeux Olympiques et l’Eurovision !
Pourquoi ils sont tous là ? Parce qu’il ont compris qu’il n’y avait pas d’argent, pas de deal. Ni de crowdfunding ou de sponsors. Juste un idéal : mettons nous ensemble et envoyons un message de sensibilisation, de solidarité et d’unité à l’Afrique, à sa diaspora, à toute l’humanité. Le Covid-19 a un effet de loupe sur toutes les pesanteurs et toutes les faiblesses du continent et d’ailleurs (on a vu en France, par exemple, qu’on avait du mal à faire des masques). Ça veut dire qu’à un moment il faut se repenser. C’est pour ça que le slogan c’est New Africa, Together as One, Together is WAN. Que faisons nous ? Quelle est notre vision pour l’Afrique post-pandémie ? L’idée c’est d’engager une réflexion collectivesur l’Afrique de demain, unie et innovante.
À ce propos, le WAN SHOW est le point d’orgue de la journée de mobilisation lundi. Mais le rdv est pris dès la fin de matinée sur les réseaux sociaux. Que va t-il s’y passer ?
En partenariat (entre autres) avec l’UNESCO, on va proposer plusieurs tables rondes en ligne, animées par des artistes, des intellectuels, les startupers, des leaders d’opinion, pour réfléchir au nouveau monde à bâtir : inclusif et durable.
La chimiste et ancienne de Présidente de la République de Maurice, Ameenah Gurib-Fakim va, parexemple, nous dire comment l’Afrique peut prendre sa part dans la recherche et l’innovation. On va aussi s’interroger aussi sur la notion de « Social Distancing » et, à l’aune de cette nouvelle donne, sur l’avenir des industries culturelles et créatives en Afrique.
Toutes ces réflexions vont accompagner les internautes jusqu’au coup d’envoie du WAN Show qui sera suivi, sur les réseaux sociaux, d’un after show : une battle de Djs d’Afrique du Sud, d’Angola ou du Cameroun.
Car le concept de WAN, c’est ça : représenter tous les pans de la créativité africaine. C’est un projet qui existait en amont et qui devait impacter dans le réel. Là , on commence dans le virtuel, mais on espère que très rapidement on va pouvoir faire ce qu’on avait consigné, à savoir des concerts, des défilés de mode, etc. Avec un seul objectif : que WAN devienne une plateforme qui propose des contenus et des services pour que les industries créatives créent des emplois en Afrique. On en a marre de voir les petits en galère.
Pour revenir au WAN Show, contrairement au récent « One World: Together At Home » organisé par l’américaine Lady Gaga, il ne sera pas en direct. Les participants ont enregistré un morceau (ou une allocution) pour l’occasion et vont découvrir lundi en même que le public le montage final de ce show virtuel de plus de 2h30. Qui en sera le présentateur ?
(Rires) Je ne peux pas dévoiler tous les secrets de cette soirée mais ce que je peux dire c’est que, en faisant de nécessité vertu, on a essayé d’inventer une nouvelle écriture télévisuelle. On ne voulait pas rentrer dans le truc pompeux, classique. Moi je ne présente pas par exemple. Non, on a essayé de faire un programme très punchy, très dynamique. Les performances musicales seront effectivement ponctuées par des prises de paroles de personnalités qui font bouger l’Afrique. On l’a pensé comme un vrai cadeau. On ne revend pas ce contenu, c’est une offrande. Même la liste complète des participants ne sera pas annoncée dans sa totalité, je veux réserver la surprise à tous ceux qui auront la bonne idée de rejoindre cet événement historique.
Doit-on s’attendre à ce que les artistes qui, comme Tiken Jah Fakoly, Smarty, Dj Kerozen, ont composé des morceaux pour sensibilisation aux risque d’infection du Covid-19, interprètent les dits morceau ?
Pas forcément. Parce que justement on leur a demandé de décolérer. Awadi nous a fait une vraie créa par exemple et Tiken un truc de ouf. Ce ne sera pas morbide mais, au contraire, super festif !
Source www.pan-african-music.com